Alors que la Journée mondiale de la santé mentale approche, le centre la vie — unité de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie de l’hôpital central de Yaoundé — s’apprête à tenir, en partenariat avec le Réseau des chercheurs pour le bien-être et le développement humain (RECBEDH), la deuxième édition du Global Mental Health Symposium (GMHSY).
L’événement se déroulera le 10 octobre 2025 à Yaoundé, autour du thème : « Cultiver l’espoir dès la naissance : agir ensemble pour une santé mentale positive ».
Une rencontre pour bâtir l’espoir dès les premiers instants de vie
Le GMHSY se positionne comme un espace d’échanges entre professionnels de santé, chercheurs, institutions, acteurs communautaires et partenaires techniques, dans le but de repenser la santé mentale à partir de la base : la naissance. « Nous voulons placer la santé mentale au cœur du développement humain dès les premiers instants de vie. Le symposium sera l’occasion de renforcer la prise de conscience collective et de proposer des actions concertées, en Afrique et au-delà », a confié le Pr Pierre Ongolo, directeur de l’hôpital central de Yaoundé, lors d’une rencontre préparatoire.
Une urgence de santé publique souvent négligée
Les chiffres sont éloquents : plus de 20 % des Camerounais connaissent un trouble mental au cours de leur vie, selon les données de l’OMS et du ministère de la Santé publique. Pourtant, le pays compte moins d’une centaine de psychiatres pour 27 millions d’habitants, concentrés en majorité dans les grandes villes.
Les crises sécuritaires, la pandémie de COVID-19 et la précarité socio-économique ont amplifié les fragilités psychologiques, notamment chez les femmes enceintes, les enfants et les jeunes. Faute de dispositifs adaptés, les troubles apparaissant dès l’enfance passent souvent inaperçus, entraînant décrochage scolaire, délinquance ou addictions.
Un café-science pour éclairer le débat public
En prélude à l’événement, un café-science a réuni à Yaoundé des journalistes du Réseau des médias Africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) et les organisateurs du GMHSY.
Cette rencontre, organisée conjointement par le centre la vie et le Remapsen, le 1er octobre dernier, a permis de présenter la philosophie du Symposium et d’ouvrir un dialogue sur les priorités nationales en matière de santé mentale.
Le panel de discussion, composé du Pr Pierre Ongolo, du Pr Mireille Ndje Ndje (psychopatologue à l’Université de Yaoundé I), du Dr Joseph Ghislain Ndjocki (psychologue clinicien) et du Dr Marileine Kemme Kemme (médecin addictologue), a livré des réflexions éclairées sur les défis actuels : manque de structures adaptées, absence de politiques de prévention ciblée, et nécessité d’une approche communautaire.
Tous ont insisté sur l’importance d’impliquer les familles, les éducateurs, les institutions et les médias dans la promotion du bien-être psychique, dès la naissance et tout au long de la vie.
Un objectif : bâtir une société plus résiliente
Le GMHSY 2025 ambitionne de :
- renforcer la prévention précoce en santé mentale ;
- sensibiliser aux influences familiales et sociales sur le développement psychique ;
- intégrer la santé mentale dans les services périnataux, éducatifs et sociaux ;
- encourager une responsabilité collective pour construire une société plus équilibrée.
Les résultats attendus incluent la création d’un réseau multipartite regroupant chercheurs, cliniciens, acteurs communautaires et décideurs, la valorisation des pratiques innovantes de prévention et l’élaboration de recommandations stratégiques pour des politiques publiques plus sensibles au bien-être mental.
À travers cette dynamique, le Cameroun entend affirmer sa volonté de faire de la santé mentale non plus une question marginale, mais un pilier du développement humain durable.
