À quelques jours du scrutin du 12 octobre 2025, le Conseil national de la communication (CNC) hausse le ton face aux dérives observées dans le traitement médiatique de la campagne électorale. Par un communiqué rendu public le 2 octobre 2025, l’organe régulateur rappelle les obligations déontologiques des professionnels des médias et menace de sanctions les contrevenants. Dans le même temps, le système des Nations unies a réitéré son engagement à soutenir le processus électoral camerounais, en dotant le CNC d’un matériel de surveillance pour mieux combattre les discours de haine.
Médias sous surveillance
Le CNC dit avoir relevé de nombreux manquements dans la presse, l’audiovisuel et sur les plateformes numériques.
Dans l’audiovisuel, Info TV et CAM10 TV ont été épinglées pour avoir convié des représentants de la société civile dans des émissions dédiées exclusivement aux candidats ou à leurs mandataires. Canal 2 International a, elle, été interpellée pour la diffusion intégrale du meeting de lancement du RDPC à Bafoussam, tandis que Africa 24 a été critiquée pour avoir laissé passer des propos jugés haineux lors d’un débat.
Du côté de la presse écrite, le régulateur constate un net déséquilibre : sur trente journaux parus le 29 septembre, toutes les unes étaient centrées sur le parti au pouvoir, au détriment des autres formations politiques engagées dans la course.
Les réseaux sociaux ne sont pas en reste. Le CNC accuse l’activiste Amer Kmer d’attiser la haine sur Facebook et envisage une collaboration avec l’ANTIC pour contenir ces dérives. Par ailleurs, l’institution condamne fermement la destruction d’affiches de certains candidats.
S’agissant du service public, le CNC a pris note des griefs formulés par le candidat du PCRN à propos d’une affiche publiée sur CRTV Web, jugée partiale.
En réaction, l’institution exhorte tous les médias à faire preuve d’équité, de rigueur professionnelle et d’impartialité dans le traitement de l’information électorale.
L’ONU renforce les capacités du CNC
Peu après cette sortie, une cérémonie de remise d’équipements s’est tenue , marquant le soutien concret des Nations unies au processus électoral.
Le chef de mission de l’OIM, Diop Abdel Rahmane, a rappelé que cette initiative faisait suite à une demande d’appui du gouvernement camerounais pour garantir des élections apaisées et inclusives. Une mission mandatée par le secrétaire général de l’ONU a d’ailleurs identifié la montée des discours de haine comme l’un des principaux risques du scrutin.
Dans cette optique, l’UNESCO a offert au CNC un ensemble d’équipements informatiques destinés à assurer la veille numérique en temps réel sur les réseaux sociaux et autres plateformes en ligne. Objectif : doter l’institution des moyens nécessaires pour détecter, prévenir et sanctionner les propos incitant à la division ou à la violence.
Ce partenariat entre le CNC et le système onusien symbolise une volonté commune : celle de garantir un scrutin transparent, serein et respectueux des valeurs démocratiques.
Fort de ce soutien, le CNC se positionne désormais comme un acteur central de la préservation de la stabilité et de la cohésion sociale pendant cette période électorale sensible.
À la veille du vote, le double message — la fermeté du CNC et la solidarité de la communauté internationale — sonne comme un appel à la responsabilité collective : celle des médias, des acteurs politiques et des citoyens pour un scrutin paisible et inclusif.
