Habiba - Bapooh

Par Eric Boniface Tchouakeu

La semaine dernière s’est tenue à Douala une réunion du Bureau du Comité directeur de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), sur convocation de Habiba Issa, présidente élue au dernier congrès de ce courant du parti historique le 09 octobre 2017 à Yaoundé.


A la surprise générale, cette rencontre a débouché sur le choix, ou mieux, la reconnaissance du député Robert Bapooh Lipot, comme Secrétaire Général du parti historique, en lieu et place de Pierre Baléguel Nkot, élu à ce poste lors du même congrès du 09 octobre 2017, désormais suspendu.


Il est important de noter que ce dernier avait piloté une réunion du Bureau du Comité directeur de l’UPC le 28 août 2018, qui avait suspendu de ses fonctions la présidente Habiba Issa. Les deux personnalités dénient l’une à l’autre le pouvoir de prendre de telles sanctions l’une à l’encontre de l’autre.


C’est profitant de la cacophonie au sein de la faction de l’UPC que l’administration reconnaissait jusque là, qu’à l’approche de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait annoncé dans un communiqué, en juillet 2018, reconnaître comme Secrétaire Général de l’UPC et donc interlocuteur pour le gouvernement de ce parti, Robert Bapooh Lipot.


Depuis, les différents recours introduits devant la justice camerounaise par les membres du camp lésé par ce communiqué, n’ont rien donné jusqu’à présent.


C’est donc à priori en tenant compte de la réalité politique ou par opportunisme que Habiba Issa et ses soutiens, ont décidé de faire du Secrétaire général de leur courant upéciste, le député élu dans le Nyong-et-Kellé, pourtant exclu du parti par cette tendance alors dirigée par Victor Onana le 08 mai 2016.


A cette époque là, Robert Bapooh Lipot qui s’est toujours considéré comme secrétaire général d’une autre tendance du parti historique depuis 2012, avait réagit à travers le langage mathématique en déclarant qu’il n’appartenait pas à cet ensemble de l’UPC qui n’avait donc, selon lui, aucune qualité pour l’exclure.


Joint au téléphone, Habiba Issa explique que son Bureau après « d’âpres débats », a finalement décidé d’accorder sa confiance à Robert Bapooh Lipot , pour notamment limiter le fractionnement de l’UPC avec un autre secrétaire général, et avoir la possibilité d’avoir accès aux comptes du parti, qui reçoit un peu plus de 20 millions de francs de l’Etat chaque année, au titre du financement public des partis politiques depuis les législatives et les municipales du 30 septembre 2013
Des désaccords entre dirigeants de la formation politique et des procédures en justice rendaient l’accès à ces comptes impossible.


L’autre raison évoquée, « est qu’il faut se mettre en ordre de batailles pour préparer les futures échéances électorales, c’est-à-dire dans l’immédiat, les législatives, les municipales et les régionales qui pointent à l’horizon, en essayant de faire en sorte que les problèmes de la pluralité des investitures provenant des tendances opposées du parti, ne se posent pas. »
Cette situation avait coûté cher à l’UPC lors des sénatoriales de 2013 qui avait vu toutes ses listes rejetées de ce fait.


A l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, Habiba Issa après avoir essayé de se présenter sans succès, avait finalement soutenu la candidature de Maître Akéré Muna et Robert Bapooh Lipot, celle du Président sortant et futur vainqueur, Paul Biya. Les choix politiques des deux personnalités les éloignaient donc.


Sans le moindre congrès, même extraordinaire, et sans une large concertation ouverte aux plus grandes sensibilités de l’UPC, Habiba Issa et Robert Bapooh Lipot, sans une certaine logique politique et contre toute attente, viennent de décider de cheminer ensemble.


C’est comme si chacun avait besoin de l’autre pour s’affirmer davantage dans sa fonction et se légitimer.


Les Camerounais en général et les militants de l’UPC en particulier se sont habitués aux incessantes querelles de leadership et aux innombrables retournements de situation qui desservent souvent le parti historique.


Pas sûr que la nouvelle alliance ramène plus de confiance au regard de la démarche utilisée pour la sceller.

Eric Boniface Tchouakeu