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Article rédigé par Eric Boniface Tchouakeu

Le Social Democratic Front a commémoré le 26 mai 2019 son 29ème anniversaire. Le SDF est en effet né dans la douleur à Bamenda, capitale régionale du Nord-Ouest le 26 mai 1990 à travers notamment une marche non autorisée et réprimée au cours de laquelle six(06) personnes ont été tuées.


Dès sa première participation à une élection, en l’occurrence la présidentielle du 11 octobre 1992, le parti s’est imposé comme étant le principal de l’opposition au Cameroun. Il a tenu ce rang sans jamais parvenir à inverser le rapport de force politique pour accéder au pouvoir jusqu’à la dernière élection présidentielle du 07 octobre 2018.


Il est important de préciser que le leader du SDF depuis 29 ans, John Fru Ndi, trois fois candidat à la présidentielle avec des scores décroissants : un peu plus de 35% en 1992, un peu moins de 18% en 2004 et seulement un peu plus de 10% en 2011, avait décidé de ne pas candidater en 2018 tout en se faisant réélire en février à la tête du parti.


C’est son premier vice-Président, le député Joshua Osih qui avait été désigné comme porte-drapeau du SDF à la présidentielle à l’issue des primaires internes. Malheureusement, il n’est ensuite arrivé qu’en 04ème position avec moins de 05% des voix, derrière respectivement dans l’ordre décroissant selon les résultats officiels : Paul Biya, Maurice Kamto et Cabral Libii.


Après cette lourde défaite, les dirigeants du SDF ont promis de changer de cap en retournant notamment vers le « SDF originel » qui avait une ligne politique plus incisive et donc dure.


De nombreux observateurs estiment que cela ne peut se faire avec les leaders actuels qui paraissent avoir déjà atteint leur seuil de saturation en matière de rendement.


Il s’agit surtout du président du parti, John Fru Ndi, âgé quasiment de 78 ans qui évolue davantage vers la fin de sa carrière politique.


L’emblématique leader reste certes très populaire et très influent au sein du SDF grâce à ses faits d’armes, mais sa présence au sommet alors même qu’il semble avoir renoncé à diriger le Cameroun, ne favorise pas l’émergence d’un nouveau Chairman, charismatique et conquérant qui voudrait s’affirmer. En tout cas, John Fru Ndi quoi qu’il arrive, demeurera une personnalité politique respectée.


Après l’échec de Joshua Osih, le SDF doit surtout se poser la question de savoir qui en dehors de John Fru Ndi, est en mesure de conduire le destin du parti en lui faisant glaner le maximum des voix aux prochaines élections au point de parachever le combat du leader historique.


Il faudra avoir à l’esprit que les Camerounais se sont majoritairement exprimés en faveur du renouvellement de la classe politique notamment au sein de l’opposition lors de la dernière présidentielle ; et même si la participation était très faible dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, fiefs traditionnels du SDF.


Ces régions sont secouées par une grave crise sociopolitique et sécuritaire sans précédent qui perdure depuis octobre 2016.

 

Par Eric Boniface Tchouakeu