Prince Pondo
Prince Pondo, communicateur C3T | ©ME

Le tabac ne nuit pas seulement gravement à la santé, mais il tue. Selon les statistiques publiées par l’Oms (Organisation mondiale de la Santé), le tabac tue  7 millions de personnes chaque année dans le monde. 800 mille de ces décès sont imputables au tabagisme passif. Avec le marquage sanitaire graphique qui devra prendre effet dès janvier 2018, le consommateur aura la véritable information sur les méfaits du tabac dans l’organisme. Le marquage graphique est l’apposition d’images accompagnées de messages textuels traduisant les affections liées à la consommation du tabac sur emballage et conditionnement des produits du tabac.

L’importance du marquage sanitaire graphique

Ainsi donc au lieu du laconique message « le tabac nuit gravement à la santé », ce sera désormais « Le tabac tue » ou « Fumer tue » en anglais, « Smoking kills » ou «Tobacco Kills ». Ces renseignements seront accompagnés d’une image illustrant l’avertissement général. Cette image va couvrir au moins 70% de la superficie de la face avant de l’unité de conditionnement et de tout l’emballage. Question « d’amener le fumeur à prendre conscience des risques sanitaires auxquels ils s’exposent lorsqu’il consomme ces produits toxiques ». Ces informations ont été recueillies au cours de la conférence de presse  de la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T), ce jeudi 22 novembre 2018 à Yaoundé. Une véritable avancée dans la lutte anti-tabac au Cameroun. Une avancée saluée par cette organisation non gouvernementale qui n’entend cependant pas dormir sur ses lauriers.  Par la voix de son communicateur Prince Mpondo Ekon et de quelques uns de ses membres, la C3T est revenue sur la forte agitation de l’industrie du tabac observée depuis l’annonce de ces nouvelles mesures. Une attitude qui appelle certainement à  une vigilance « très accrue ». L’organisation voudrait ainsi attirer l’attention de tous les acteurs sur la nécessité de faire aboutir le processus ainsi entamé. Car rappelle le communicateur, « il est internationalement reconnu que l’industrie du tabac interfère généralement  sur les politiques publiques de protection de santé. Elle influence la mise en œuvre des législations ».

La situation au Cameroun

 Au Cameroun 8,9% de la population utilise des produits du tabac, 13,9% d’hommes et 4,3% de femmes. Par ailleurs, il est démontré qu’à  travers de multiples stratégies comme la publicité, la promotion autour des écoles et le marketing, l’industrie du tabac cible systématiquement les enfants.  En 2016, l’enquête Tobacco Industrie Accountability a permis de dénombrer 173 points de vente des produits du tabac et 44 publicités en faveur du tabac dans un rayon de 10 mètres autour des 20 établissements scolaires ciblés par l’enquête, soit une moyenne de 9 points de vente par école. Les élèves peuvent acheter les produits du tabac dans les kiosques, les épiceries, les cafétérias et les autres points de vente mobiles. Ces chiffres ont été évoqués par les conférenciers, pour susciter une prise de conscience collective de la situation. Malgré la mise en œuvre de la règlementation sur le marquage sanitaire graphique, le combat va continuer c’est du moins ce qui ressort de la conférence du C3T. Parce que le droit à la vie est un droit inaliénable, le C3T n’entend ménager aucun effort pour voler au secours des milliers de camerounais qui croupissent ou qui risquent de croupir d’ici quelques années  sous le poids du tabagisme.