Maurice Kamto
Maurice Kamto, président du MRC, détenu depuis le 28 janvier par les autorités camerounaises / ©MK, Archives

2019-02-21 | 02:08:00

Editorial politique d'Eric Boniface Tchouakeu, Chef de chaîne, Radio Tiemeni Siantou

 

Les 26 et 28 janvier 2019, des dizaines de militants et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) parmi lesquels leur leader, Maurice Kamto et certains de ses principaux lieutenants ont été interpellés à Yaoundé et Douala, les deux principales villes du pays ainsi que dans plusieurs villes de la Région de l’Ouest.

Ils sont depuis les 12 et 13 février 2019 pour la plupart, placés en détention provisoire dans les prisons centrale et secondaire de Yaoundé.

Après avoir séjourné dans plusieurs lieux de détention des forces de sécurité dans la capitale et ses environs, ils ont été inculpés s’agissant notamment du président national du MRC, Maurice Kamto et ses principaux lieutenants par le Tribunal militaire de Yaoundé notamment pour « rébellion, insurrection et hostilité contre la patrie », puis écroués.

Ce développement judiciaire fait suite aux manifestations pacifiques dites « marches blanches » organisées par le MRC à Yaoundé, Douala et dans plusieurs villes de la Région de l’Ouest du pays et même dans certains pays étrangers, pour entre autres dire non à ce que les responsables du parti appellent le « hold-up » électoral au lendemain de la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 qui donnent Paul Biya vainqueur avec 71% des voix.

Ces rassemblements non autorisés au Cameroun ont connu des débordements à l’étranger notamment à Paris en France et Berlin en Allemagne où des locaux des missions diplomatiques du Cameroun ont été saccagés par des manifestants.

La justice a été actionnée au lendemain de ces faits, d’où les arrestations des militants du MRC et leurs alliés.

Au-delà de la procédure utilisée dans la conduite du dossier et des charges retenues contre les personnes interpellées qui suscitent les polémiques, l’on constate que la justice a été sollicitée pour régler des questions éminemment politiques. Ce qui ne signifie pas forcement qu’aucune infraction n’a été commise même au Cameroun.

Le choix de la voie des tribunaux a pour conséquence de surexposer les actes et faits politiques du 26 janvier 2019 à la fois au Cameroun et à l’étranger ; ce d’autant plus que Maurice Kamto en plus de sa réputation internationale, est officiellement devenu depuis le scrutin présidentiel d’octobre 2018, le principal opposant au pouvoir en place.

Il est souhaitable pour une désescalade et un apaisement du climat politique de rechercher in fine une issue politique à cette nouvelle crise.

Chaque protagoniste de bonne foi, guidé par les intérêts du Cameroun doit pouvoir dans cette optique, mettre un peu d’eau dans son vin.

En tout cas, ce nouveau front semble plus facile à solutionner que les crises sociopolitiques et sécuritaires auxquelles le Cameroun est confronté dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ainsi que dans le septentrion depuis quelques années.

Eric Boniface Tchouakeu, Chef de chaîne, Radio Tiemeni Siantou