Eric Boniface Tchouakeu
Eric Boniface Tchouakeu, chef de chaîne de la RTS / ©EBT

2019-02-05 | 09:36:09

Editorial politique d'Eric Boniface Tchouakeu, Chef de chaîne, Radio Tiemeni Siantou

Au lendemain de l’officialisation des résultats de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 qui donnent vainqueur le président Paul Biya au pouvoir depuis 1982 avec 71% des voix, loin devant le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, arrivé en deuxième position avec 14% des suffrages, ce dernier et ses partisans contestent toujours les résultats en dénonçant ce qu’ils appellent le « hold-up électoral ».
Dans cette optique, le MRC a initié des actions de contestation dans le cadre du « plan national de résistance au hold-up électoral »
Le pic de la contestation pour l’instant a été enregistré le 26 janvier 2019 au cours du lancement des « marches blanches ». Des rassemblements interdits par les autorités ont été organisés ce jour-là dans plusieurs villes du Cameroun dont les deux principales, Douala et Yaoundé et même à l’extérieur du pays où des débordements ont eu lieu notamment à Paris en France et Berlin en Allemagne.
Les locaux des représentations diplomatiques camerounaises dans ces deux capitales ont été vandalisés. Entre le 26 et le 28 janvier 2019, environ 200 militants et sympathisants du MRC ont été interpellés au Cameroun au rang desquels Maurice Kamto et plusieurs de ses lieutenants. Ils sont encore tous ou presque, privés de libertés.
Evidemment, les actions du MRC suscitent des réactions contrastées au sein de la classe politique.
S’il est naturel pour le parti au pouvoir, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) et ses alliés de condamner ce qu’ils considèrent comme des agissements d’un mauvais perdant, l’on s’attendait à priori à enregistrer moins de réactions similaires au sein des autres partis politiques et acteurs de l’opposition ou qui se présentent comme tel.
Et ce, même si à l’exception du leader du MRC, tous les autres candidats de l’opposition au dernier scrutin présidentiel ont pris acte des résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel.
Le but commun ultime pour les opposants Camerounais a toujours été et demeure l’alternance au sommet de l’Etat.
Certaines formations politiques de l’opposition ont tenu de manière expresse à prendre leur distance vis-à-vis de certaines revendications et des méthodes d’actions du MRC alors que d’autres les approuvent.
Visiblement comme lors du retour au multipartisme au début des années 1990, l’opposition est entrain de se segmenter d’une part, en « opposition modérée », c’est-à-dire moins agressive et conciliante à l’égard du pouvoir, et d’autre part l’ « opposition radicale » beaucoup plus incisive et moins docile.
A l’approche des élections législatives et municipales théoriquement prévues dans 07 mois, certains veulent affirmer leur singularité et d’autres cherchent surtout à éviter une sorte de confiscation des espaces et des actions politiques majeurs au Cameroun par deux pôles chapeautés respectivement par le RDPC et le MRC, comme cela s’est dessiné ces derniers jours.
Avec la fracture qui se creuse de plus en plus entre les tenants du pouvoir et les acteurs de l’opposition concernant plusieurs sujets majeurs, et au regard de la nouvelle configuration de la scène politique à l’issue du dernier scrutin présidentiel, les prochaines consultations électorales diront qui de l’opposition modérée ou de l’opposition radicale emportera l’adhésion des votes protestataires.

Eric Boniface Tchouakeu, Chef de chaîne, Radio Tiemeni Siantou