ONUSIDA et AFRAVIH, main dans la main pour en finir avec le SIDA ©Freepik
ONUSIDA et AFRAVIH, main dans la main pour en finir avec le SIDA ©Freepik

La 12ème conférence de  l’Alliance francophone des acteurs de la santé contre le VIH et les infections virales chroniques ou émergentes (AFRAVIH)  s’est déroulée à  Yaoundé du 16 au 19 Avril 2024. Occasion idoine pour Dr Fodé Simaga de revisiter le chemin parcouru par les Etats de la zone Afrique de l’Ouest et du Centre dans la lutte contre le SIDA. Le Directeur du département systèmes et  services, UNSAIDS-Genève, s’est, lors de la cérémonie d’ouverture des travaux, appesanti sur les progrès, les manquements et les inégalités observées  dans l’accès aux services de soins ces dernières années.

Des progrès

 Au cours de la cérémonie d’ouverture des travaux de l’AFRAVIH, Dr Fodé Simaga a annoncé la bonne nouvelle selon laquelle la région de l’Afrique de l’Ouest et  du Centre a rattrapé son retard : « De 2010 à fin 2022,  nous avons enregistré une diminution des nouvelles infections VIH de 49%(160k) dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre alors qu’elle n’est que de 38% au niveau global. Le nombre de PVVIH  adultes sous traitement a plus que doublé depuis 2015 ( 36% à 82% )  et nous pouvons nous réjouir de voir que la cascade montre que 82% des PVVIH connaissent leur statut, 78% avaient accès aux ARV et 71% avaient une charge virale indétectable en fin 2022, tout à fait comparable aux données globales ».  Au Cameroun, on estime que les infections ont baissé de 44% entre 2018 et 2022, la cascade était de 96-93-89. Dr Fodé  a félicité le ministre camerounais de la Santé publique et les organisations de la société civile  pour ce résultat obtenu dans le contexte sécuritaire et humanitaire et de crise de gouvernance  que connait la région.

Des manquements

La situation du traitement des enfants et des adolescents au niveau global et beaucoup plus dans les pays d’Afrique francophone reste déplorable. 37% des enfants vivants avec le VIH sont sous traitement ARV dans la région Afrique de l’Ouest et du Centre contre 57% au niveau global ; la couverture de traitement n’est que de 25% pour les enfants de 0 à 4ans. « Ceci est la conséquence, entre autre, de l’insuffisance en matière de prévention de la transmission de la mère à l’enfant et du dépistage précoce des enfants », a indiqué Dr Fodé Simaga  qui considère  cette situation des enfants comme «  la plus grande des injustices, la plus inacceptable ».

Comme autres disparités, on note que les adolescents, les filles et les jeunes femmes de 15 à 24 ans  sont disproportionnellement touchés par le VIH comme dans le reste des pays africains (80% de nouvelles infections dans cette tranche d’âge au Congo,  73% au bénin, 71% en RDC) ; dans le monde la moitié des femmes enceintes et allaitantes qui ne sont pas sous traitement se trouvent en Afrique de l’Ouest et du Centre. Ces disproportions touchent également les populations clés (les professionnelles du sexe, les hommes ayants des rapports sexuels avec les hommes et les transgenres, les personnes qui s’injectent des drogues)  qui sont plus susceptibles de contracter la maladie que les adultes de la population générale.

Le Directeur du département  systèmes et services, UNAIDS-Genève, a également évoqué la question des ressources financières qui reste une préoccupation majeure : « Les besoins annuels estimés pour la région sont de 2,670 milliards USD en 2025, les ressources effectivement disponibles en 2022 sont de 2 milliards, soit un déficit de 24% ».

Dans son plaidoyer, Dr Fodé a indiqué des voies à emprunter pour en finir avec le SIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre. Il a présenté l’Alliance globale pour mettre fin au sida chez les enfants comme un instrument qui va appuyer les pays dans leurs efforts. L’objectif de cet instrument est de stopper l’inégalité dans l’accès aux services de soins. Il suggère également  d’investir stratégiquement dans la prévention combinée ; de garantir le droit pour tous à la santé, promouvoir l’inégalité des sexes, une approche fondée sur le droit ; soutenir et renforcer les systèmes de santé communautaires ; appuyer les pays dans le développement de leur feuille de route de pérennisation des réponses et des acquis.  Tous les acteurs ont donc intérêt à s’engager  pour que les objectifs fixés par l’ONUSIDA soient atteint à l’horizon 2030.