Lutte contre le VIH/SIDA : « Les organisations à base communautaire vont prendre le leadership ».©ME
Lutte contre le VIH/SIDA : « Les organisations à base communautaire vont prendre le leadership ».©ME

« Les organisations à base communautaire vont prendre le leadership » dans la lutte contre le VIH/SIDA. Le représentant pays de l’ONUSIDA l’a déclaré le jeudi 30 novembre 2023 au cours de la table ronde qui se déroulait à Yaoundé autour du thème « confier le leadership aux communautés ». Rendus à quelques heures de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA, le ministère de la Santé publique a tenu à réunir les principaux partenaires de la lutte autour d’une même table. Autour de Charlotte Moussi, conseillère technique numéro deux au MINSANTE, représentante du ministre de la Santé publique et de Taoufik Bakkali, directeur pays de l’ONUSIDA, étaient réunis les représentants des organisations à base communautaires ; les représentants du comité national de lutte contre le SIDA ; les représentants des organisations de la société civile ; les représentants du corps médical  et les hommes de médias. L’objectif de cette rencontre était  d’échanger avec les acteurs communautaires sur les principaux enjeux, les défis et le partage des bonnes pratiques pour l’optimisation de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH.

Il a également été question au cours de cette rencontre de souligner les principaux obstacles et de contextualiser les expériences, les messages et connaissances contenus dans le nouveau rapport de l’ONUSIDA. Voici la déclaration faite par Taofik Bakkari : « La table ronde que nous avons eue nous a permis de discuter de tout cela dans le contexte camerounais avec des organisations à base communautaires qui nous ont présenté leur travail, leurs expériences, leurs résultats qui sont très probants, qui nous ont permis de réaliser les résultats bien connus au Cameroun  par rapport à la mise sur traitement  qu’on appelle les résultats  95-95-95, la réduction de la mortalité et des infections. Nous avons pu débattre des différentes problématiques liées au financement, liées à l’autonomisation, liées aux capacités et aussi à l’environnement général d’opération de ces organisations à base communautaires. Nous avons aussi discuté des options futures. A ce niveau, on a pu débattre des pistes de solutions, des considérations qu’il faudra retenir afin d’aller de l’avant pour résoudre les problématiques clés qui restent encore visibles dans la réponse nationale, notamment la prévention de la transmission mère-enfant, mais aussi la couverture pédiatrique avec le traitement. Nous reconnaissons tous avec le ministère de la Santé mais aussi avec l’engagement communautaire et les partenaires techniques et financiers qu’on ne peut réussir ce défis qu’en le faisant ensemble et en suivant un peu les orientations, les expériences, les leçons que nous donnent les organisations communautaires. Ces organisations vont prendre le leadership pour la mise en action des décisions mais aussi pour l’influence des politiques et des stratégies qui  sont développées à l’échelle nationale pour répondre aux problématiques qui nous restent afin d’atteindre les objectifs du pays. J’espère que ces objectifs  vont être réalisés bientôt pour mettre fin à l’épidémie du VIH SIDA d’ici 2030 ».

IL faut dire que  tout au long des débats, l’épineux problème de financement a été souligné par les différents acteurs. Les OBC ont insisté sur le fait qu’elles ont besoin d’appui pour mener à bien  leur travail sur le terrain. Elles ont également déclaré qu’elles aimeraient être intégrées à toutes les étapes de décisions. Des doléances qui ne sont certainement pas tombées dans les oreilles des sourds si on s’en tient aux déclarations de Taofik Bakkari qui a précisé au cours des travaux que « les communautés nous ouvrent la porte vers la fin du VIH/SIDA comme problème de santé publique au Cameroun ».

L’épineux problème de financement, le goulot d’étranglement des OBC

« Le manque de financement se pose avec acuité ». C’est ce qui ressort de la déclaration faite par une représentante des OBC au terme de la  table ronde que le ministère de la Santé publique a organisé à Yaoundé,  à la veille de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA.

Extrait de la déclaration d’Odile Makotcha, responsable de l’OBC  ATFAS plus :  « ATFAS a beaucoup  de problèmes tels que la faible mobilisation dans notre travail au quotidien. La charge de travail est très lourde et parfois nous portons ce fardeau-là tout seul. Suivre les patients au quotidien n’est pas chose aisée. ATFAS aujourd’hui a 776 personnes à qui  il dispense le traitement ARV tous les mois, tous les jours  et nous devons leur offrir un paquet de services.  Nous avons  les adolescents et les adultes, le moins âgé a 16 ans et le plus âgé a 88 ans. Les personnes âgées doivent être  accompagnées avec d’autres comorbidités telles que le diabète et la tension.  Malheureusement nous n’en sommes pas toujours capables et c’est un problème très très sérieux. ATFAS a un problème très sérieux par rapport aux autres : compte tenu de la faible mobilisation des ressources,  nous sommes dans l’obligation de nous contenter d’un espace très étroit. Cependant les bénéficiaires sollicitent de plus en plus nos services. Si nous avions continué avec l’élan de départ,  nous serions aujourd’hui à plus de 1000 patients en dispensation communautaire. On pense que si on a un espace plus grand demain, on pourra résoudre ce problème et améliorer en même temps la qualité de nos services. Nous avons des objectifs à atteindre tels que la rétention des personnes qui sont sous traitement, elles doivent le  rester, avoir une charge virale supprimée et rester toujours dans le continuum des soins. On se félicite d’être aujourd’hui sur la table de décisions. On se félicite aussi du fait que les PVVIH et les autres responsables de la société civile  soient également sur la table de décisions au Cameroun, c’est une avancée salutaire. Il y a 10 ans de cela, ce n’était pas possible. Il faut franchement que nous soyons autonomes. On a des PVVIH qui veulent aider leur pairs mais du moment où ils ne peuvent pas venir à pieds et rentrer à pieds, sans avoir le moyen de transport, ça devient un problème et aujourd’hui, le manque de financement se pose avec acuité ».