Le président du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), a convié la directrice exécutive de l’ONG Speak Up Africa à un webinaire avec les journalistes dudit réseau. C’était le mercredi 12 avril 2023. L’objectif de cet échange était de parler aux hommes et aux femmes de médias des maladies tropicales négligées, ces affections qui sont d’ores et déjà éliminées et oubliées par un certain nombre de pays, mais qui continuent de sévir dans la plupart des zones tropicales, notamment dans les zones rurales ou vivent les populations les plus pauvres. Elles sont dues à plusieurs agents pathogènes (virus, bactéries, parasites, champignons et toxines). Il s’agit entre autres, des affections telles que : La bilharziose (schistosomiase), l’ascaridiose, l’ankylostomiase, la dengue, la lèpre, la filariose lymphatique (éléphantiasis), l’onchocercose ou cécité des rivières, les géohelminthiases, le trachome, l’ulcère de Buruli.
La directrice exécutive de Speak Up Africa, Yacine Djibo, parle d’une vingtaine d’affections au total qui continuent de toucher de façon disproportionnée les populations qui vivent dans les zones les plus reculées, où l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’accès aux soins de santé laissent à désirer. Les maladies tropicales négligées (MTN) sont « des maladies évitables et traitables », indique-t-elle, « personne ne devrait de ce fait croupir sous le fardeau d’une de ces affections ». Yacine Djibo, insiste sur le fait que les MTN « touchent les populations négligées ». La couverture sanitaire universelle est devenu un slogan dans tous les pays du monde, cependant, les MTN continuent de bénéficier des ressources très limitées et sont pratiquement ignorées par les organismes de financement mondiaux. A travers des plaidoyers et des actions concrètes, Speak Up Africa compte renverser la tendance. C’est du moins ce qui ressort de ce webinaire.
« Le plus gros challenge reste le défi du financement en premier lieu qui fait qu’on ne peut pas donner les médicaments à tout le monde et aussi régulièrement qu’il le faut. IL y a aussi un défi au niveau des personnes affectées par la maladie qui doivent se manifester au niveau des centres de santé ». La directrice exécutive de Speak Up Africa identifie donc le déficit d’information au niveau des communautés comme un problème à solutionner pour lutter efficacement contre les maladies tropicales négligées (MTN), « les personnes affectées doivent faire un suivi au niveau des centres de santé, et souvent, ils ne le font pas ». Au cours de ces échanges, Yacine Djibo a mis un accent particulier sur le volet prévention qu’elle considère comme capital dans l’optique de l’éradication de ces maladies.
Le chargé de programme de Speak Up Africa, aux cotés de sa directrice exécutive lors de ce webinaire avec les journalistes du REMAPSEN, s’est, quant à lui, appesanti sur les stratégies de lutte contre les MTN : « L’OMS a défini une feuille de route qui va de 2021 à 2030. Cette feuille de route définie toutes les actions menant à mettre fin aux MTN. Deux actions sont prioritaires : les campagnes de distribution massive des médicaments et l’assainissement de l’environnement. Il faut pulvériser les niches de mouches ou de moustiques qui sont vecteurs ».
L’action de speak Up africa dans le cadre des MTN vise à accroitre l’engagement politique global en faveur des MTN afin d’augmenter les ressources globales pour MTN ; à renforcer la capacité des organisations de la société civile. Yacine Djibo a pris l’exemple du Sénégal où une organisation de la société civile a bénéficié du financement de Speak Up Africa pour la capacitation des journalistes qui sont désormais des portes-messages dans le cadre de la lutte contre ces maladies négligées. 152 journalistes au total ont bénéficié de cette formation au Sénégal. L’action de Speak UP Africa vise enfin à créer un environnement favorable au niveau national pour donner une plus grande priorité à l’élimination des MTN.
Les maladies tropicales négligées continuent de causer de graves défigurations et des incapacités qui empêchent les victimes de s’épanouir, d’avoir accès à l’éducation et à l’emploi, condamnant ainsi ces derniers à devenir de véritables fardeaux pour les familles et la société. Elles touchent 1,5 milliard de la population mondiale et 39% de la population africaine. Elles sont qualifiées de négligées parce qu’elles ne sont pratiquement pas prise en compte dans l’action mondiale en faveur de la santé. La stigmatisation et le rejet social sont les lots quotidiens des personnes atteintes des MTN partout dans le monde. Il est donc important de lutter contre les MTN pour atteindre les objectifs de développement durable. L’action de Speak Up africa mérite de ce fait d’être soutenue par les gouvernements, la société civile, les bailleurs de fond, les médias et toutes les autres parties prenantes.