Energie électrique : le Centre et le Sud dans le noir
Energie électrique : le Centre et le Sud dans le noir ©Kingue

La fourniture en énergie électrique a connu du 12 au 16 novembre 2022 des perturbations drastiques dans les régions du Centre et du Sud.

Selon un communiqué rendu public quelques jours avant par Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’Energie, le bouleversement est occasionné par des travaux effectués dans le cadre de l’accroissement de l’offre de production d’électricité, en l’occurrence, « le raccordement de la centrale hydroélectrique de Memve’ele au Réseau interconnecté Sud (RIS) ». Les travaux sont réalisés au poste électrique de Nkolkoumou, un village situé dans la commune de Ngomedzap, département du Nyong-et-So'o, région du Centre.

Selon le même communiqué, la centrale hydroélectrique de Memve’ele, d’une capacité de production de 211 MW, ne fonctionne pas encore à plein régime. Mise en service partielle depuis le 14 avril 2019, la puissance électrique injectée oscille encore entre 110 et 120 MW, un déficit que viennent combler les aménagements en cours.  

RATIONNEMENT

Le planning de rationnement rotatif de l’électricité dans les deux régions, délivré par Eneo Cameroon, la société concessionnaire de la production de l’énergie électrique, prévoyait des tranches de quatre heures : 8h-12h, 12h-16h, 16h-20h, 20h-00h, 00h-4h et 4h-8h. Un découpage qui a laissé l’impression au départ que les coupures ne dureraient que quatre heures par cycle de rotation et par quartier, et par conséquent, que l’impact des travaux ne serait pas trop ressenti dans les ménages.  Mais quelle n’a pas été la surprise des uns et des autres de constater que certaines zones passaient parfois près de 20 heures par jour dans le noir !  

Cinq jours de dure résilience vécus avec beaucoup de peine par les populations et les opérateurs économiques de la capitale camerounaise et des autres localités concernées. Une gaffe de trop, suffisante pour raviver davantage la colère qui s’accumule dans les cœurs depuis toujours dans tous les coins du triangle national, comme l’illustrent ces commentaires d’internautes choisis parmi les plus pertinents : « Monsieur le ministre, c’est grave ici avec les coupures » ; « cela fait deux semaines que nous subissons des coupures programmées de sept heures minimum par jour » ; « chaque jour, des perturbations ; faites des centrales solaires aux populations » ; « vous avez déjà vu le Nigeria faire cela ? » ; « heureux ceux qui vivent près de ministres ; ils sont bien car ils ont l’électricité » ; « nos vivres au frigo, on en fait quoi ? C’est décevant ! » ; « trop de pertes, je n’en peux plus ! »

Ne serait-il pas grand temps que les pouvoirs publics se penchent sérieusement sur la question de la production d’énergie au Cameroun comme cela se fait partout ailleurs ? Même si les Camerounais en rêve, cet aspect ne semble pas encore entrer véritablement dans les priorités. Le discours et les actes des autorités ne reflètent pas encore ceux d’une nation qui aspire à être émergent à l’horizon 2035.