Prison centrale de Kondengui, Yaoundé
Prison centrale de Kondengui, Yaoundé

La nouvelle vague de contamination et de décès dus à la Covid-19 risque d’être sans pitié pour les locataires des prisons camerounaises. L’environnement carcéral étant caractérisé par la surpopulation, l’insalubrité et par un degré de promiscuité très élevé. Au regard de cette menace, Maurice Kamto, président national du MRC, pour raison humanitaire, déclare l’urgence d’un désengorgement des prisons.

Dans sa déclaration rendue publique le 04 avril 2021, le principal leader de l’opposition fait remarquer que « depuis plusieurs mois, de nombreux cas de prisonniers testés positifs sont rapportés dans diverses prisons à travers le pays » et que le pays est constamment en rupture de stocks des tests anti-Covid-19. Il ajoute que si une récente étude  gouvernementale dans 21 prisons sur les 70 que compte le Cameroun fait état de près de 700 détenus contaminés, il est certain qu’ « aucune statistique fiable ne peut être donnée par le gouvernement sur le taux réel d’infection dans les prisons et par conséquent de décès suite à la Covid-19 ».

La limitation des visites aux détenus, vécue comme une punition par ces derniers n’est pas une solution appropriée selon Maurice Kamto. Il faudrait recourir au désengorgement comme préconisé à plusieurs reprises par l’Organisation des Nations Unies  (ONU). Michelle Bachelet, Haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme proposait fin 2020 de réduire le plus rapidement possible le nombre de personnes en détention : les prisonniers politiques, les activistes en faveur des droits de l’Homme, les défenseurs des droits de l’Homme, les manifestants pacifiques, les avocats, et toute autre personne détenue pour avoir exprimé une opinion ou exercé un droit.

L’appel de l’ONU a été suivi dans plusieurs pays en Afrique et dans le monde. Des dizaines de milliers de prisonniers ont été libérés en Ethiopie, au Maroc, en Libye, au Nigeria, en Guinée Equatoriale, etc. Au Cameroun, le décret présidentiel du 16 avril 2020 n’a pas permis de désengorger suffisamment les prisons.

Maurice Kamto appelle le gouvernement à éviter que « les dizaines de milliers de détenus, en majorité des prévenus, qui peuplent les prisons du pays voient leur détention se muer en peine de mort déguisée », à faire preuve de plus de volontarisme en trouvant une formule juste pour désengorger les prisons. Le président du MRC propose les cas à examiner : « les personnes âgées, les sujets porteurs de comorbidité, les auteurs de délits mineurs, les délinquants primaires auteurs de délits mineurs, les mineurs auteurs de délits, les femmes enceintes, les auteurs de détournements de deniers publics disposés à restituer les sommes détournées, les personnes qui attendent désespérément d'être jugées, parfois au-delà des délais fixés par le Code de procédure pénale, les personnes arrêtées dans le cadre de la guerre civile dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, les journalistes, les lanceurs d'alerte, les militants et sympathisants du MRC arrêtés dans le cadre les Marches Pacifiques organisées le 22 septembre 2020, et plus généralement, tous les prisonniers d'opinion ».