Osih et Nincheu
Osih et Nincheu

Honorable Jean Michel Nintcheu (Wouri Est) et Honorable Joshua Osih (Wouri Centre). Deux Honorables du Social Démocratic Front (SDF) régulièrement élus députés et confortablement installés à l’Assemblée nationale pour la législature en cours. Le premier est par ailleurs président régional du SDF dans le Littoral, le second, vice-président…national.

Malgré cette différence hiérarchique et cette proximité imposée par l’appartenance au même parti politique, celui du très respectable Ni John Fru Ndi, beaucoup de divergences opposent ces deux mastodontes de la scène politique.

La dernière traque de Jean Michel Nintcheu date de la rencontre regroupant plusieurs partis de l’opposition, dont le MRC, au siège de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) le jeudi 1er avril 2021 à Yaoundé. Le parlementaire, tout en saluant l’initiative visant à mettre en place « un système électoral nouveau ou amendé pour la stabilité et la prospérité de notre pays », regrette cependant qu’« un membre [Joshua Osih]  dont l’auto-exclusion a été constatée en date du 21 mars 2021 (Article 8.2), ait été associé à une initiative aussi délicate qui engage la crédibilité, la légitimité et la notabilité du SDF sans aucune concertation préalable ». Il termine son propos en exhortant le président national (Fru Ndi) à « rassurer les militants du SDF dans le Littoral, les différents acteurs de la scène politique et l’opinion nationale en général, de l’inlassable volonté du SDF à poursuite la lutte pour l’avènement d’un Code électoral consensuel dans le respect de ses textes ; le 8.2 en l’occurrence ».   

Cette nouvelle sortie montre bien que la course poursuite est loin d’être terminée, et promet même des lendemains plus alambiqués. Respecter l’Article 8.2 suppose que Joshua Osih, s’étant auto-exclu, devrait aussi être exclu des négociations impliquant le SDF dans le processus de réforme du système électoral en cours. D’où vient cette discorde entre les deux camarades de parti ?

Jean Michel Nintcheu reproche à Joshua Osih ses accointances suspectes avec le régime Biya depuis la présidentielle d’octobre 2018, et surtout d’avoir mis son nom et sa signature au bas d’une lettre initiée par une soixantaine de députés camerounais (en majorité du RDPC) et dont l’objectif était de s’attaquer aux sénateurs américains. Ces derniers ayant écrit au président Joe Biden pour s’opposer à l’expulsion des Camerounais victimes de la guerre dans le NOSO et illégalement installés aux Etats-Unis.

Après la « trahison » d’Osih, la présidence régionale du SDF dans le Littoral constate son « auto-exclusion » (Article 8.2 des textes réglementaires) et une rencontre du Comité national exécutif (NEC, National Executive Committee) exige que Joshua Osih retire publiquement son nom et sa signature de la lettre contestée ou à défaut, qu’il exige que la question de la crise anglophone soit inscrite à l’ordre du jour d’une session parlementaire. Un feuilleton non bouclé au moment où « l’intrus » s’infiltre parmi les leaders de l’opposition en réunion entre le 30 mars et 1er avril pour faire avancer le combat pour un système électoral consensuel. Quelle suite sera donnée à la « moquerie » d’Osih ?