L’exploitation illégale des forêts au Cameroun préoccupe de plus en plus aussi bien les pouvoirs publics que la société civile. L’alerte a été donnée il y a quelques semaines par le ministère des Finances. Dans un rapport relatif à l’amélioration des recettes forestières, il est fait état de fraudes fiscales massives dans la filière bois, lesquelles causent un préjudice financier estimé à plus de 10 milliards de FCFA par an depuis 2018.

D’autres rapports allant dans le même sens, notamment celui de l’agence américaine EIA (issue de la société civile), relève « l’illégalité colossale qui gangrène le commerce international du bois entre le Cameroun et le Vietnam, depuis l’exploitation en forêt jusqu’à l’exportation ».

En dehors du préjudice fiscal, Stéphane Sourdin, s’exprimant sur la question au nom de la Délégation de l’Union Européenne en République du Cameroun, va plus loin : il note aussi un « préjudice environnemental et climatique, avec une déforestation sauvage qui saccage la forêt ; un préjudice économique, avec la fragilisation et l’extinction progressive des opérateurs qui jouent le jeu de la légalité : ils subissent de plein fouet la concurrence déloyale des opérateurs illégaux ; et enfin un préjudice réputationnel, puisque cet état de fait ne fait que dégrader, chaque jour un peu plus, l’image du bois camerounais, au moment même où les consommateurs sur les marchés internationaux demandent du bois propre, du bois durable, du bois éthique ».

En 2010, le combat de l’Union Européenne contre l’illégalité dans la filière bois s’est matérialisé par la signature avec le Cameroun de l’accord de partenariat volontaire FLEGT, une disposition permettant de « vérifier la légalité des bois destinés non seulement aux marchés de l’Union Européenne, mais également au marché intérieur »,  et surtout, de mettre un terme aux sciages d’origine inconnue. 

C’est dans le cadre de ce combat que la Fecaprobois (Fédération camerounaise des associations et des professionnels de la seconde transformation du bois) s’est « inscrite dans la dynamique de la gouvernance forestière avec l’appui financier et technique du programme FAO UE FLEGT ». Deux projets en sont nés : « Renforcement du dispositif d’approvisionnement en bois légal des artisans de la seconde transformation du bois » (2018-2020) et « Promouvoir le bois légal des forêts communautaires et industriels dans le secteur de la seconde transformation du bois au Cameroun » (en cours depuis le 1er octobre 2020).

Pour communiquer sur ces deux projets et en susciter des échanges fructueux, la Fécaprobois, forte de ses 200 membres, a organisé le jeudi 19 novembre 2020 un atelier jumelé dans les locaux de la Chambre de commerce à Yaoundé. Les conclusions de la rencontre sont annoncées comme devant donner une coloration nouvelle à la promotion du bois légal au Cameroun.

Source : www.mediaterre.org