De gauche à droite : Me Emmanuel Simh (avocat) ; Lindovi Ndjio (journaliste au quotidien La Nouvelle Expression) au sortir de plus de 24h de garde à vue au Commissariat central N°1, Yaoundé / ©HT
De gauche à droite : Me Emmanuel Simh (avocat) ; Lindovi Ndjio (journaliste au quotidien La Nouvelle Expression) au sortir de plus de 24h de garde à vue au Commissariat central N°1, Yaoundé / ©HT

Comme promis, les autorités camerounaises se sont fortement mobilisées pour étouffer la mobilisation lancée par Maurice Kamto lors de son point de presse du 24 août 2020. Avant le jour tant attendu, les populations de plusieurs villes du Cameroun ont vécu avec beaucoup de surprise la grande militarisation déployée dans la plupart des principaux carrefours : les forces de défenses et de sécurité lourdement armées, des engins de guerre et autres véhicules servant à disperser la foule.

Tard dans la nuit du 21 au 22 septembre 2020, des hommes cagoulés ont attaqué le domicile de Kamto. Le trésorier national du MRC Alain Fogue, ainsi que plusieurs autres militants qui venaient s’enquérir de la situation ont été mis aux arrêts. Le principal opposant de Biya est resté jusqu’alors maintenu en résidence surveillé par un char d’assaut et des hommes armés jusqu’aux dents.

En dépit de ce dispositif dissuasif ayant effectivement tenu à l’écart bon nombre de potentiels manifestants, les Camerounais sont sortis massivement dans des villes comme Yaoundé, Douala, Nkongsamba, Bafang, Sangmelima, Maroua, Bamenda…

Selon un communiqué publié par le secrétaire général du MRC Christopher Ndong, la manifestation s’est soldée par des morts et des blessés par balles réelles, des séquestrations et déportations, des violences physiques, une centaine d’interpellations [chiffres en cours d'actualisation]… Ledit communiqué se termine par un appel à une mutualisation des forces du changement, une condamnation des dérives visant à empêcher l’expression d’un droit constitutionnel, la libération des personnes détenues et l’ouverture d’une enquête internationale.

Maurice Kamto, depuis sa résidence surveillée, a publié une correspondance dans laquelle il salue le courage des manifestants, lesquels ont bravé la peur et l’intimidation pour dire leur ras-le-bol sur la mauvaise gestion des affaires du pays. Il annonce de futures marches dans le même but si jamais la crise du NOSO n’est pas résolue et le système électoral révisé de façon consensuelle.

Dans les médias, les avis sont partagés, avec d’un côté la presse publique qui annonce une lourde défaite essuyée par les forces du changement ; et de l’autre, la presse privée professionnelle qui relatent les faits tels quels. Plusieurs hommes de média ont eux-aussi subi les violences policières pendant l’exercice de leur profession, à l’instar de : Rodrigue Ngassi, caméraman à Equinoxe TV ;  Polycarpe Essomba, correspond RFI à Yaoundé ; ou encore Lindovi Ndjio, journaliste au quotidien La Nouvelle Expression.

A l’international, le cabinet Amsterdam & Partners LLP, retenu par Maurice Kamto pour défense les victimes, annonce dans un tweet que le régime Biya aura à rende des comptes sur les morts, les blessés, les arrestations et autres violences du 22 septembre.

Du côté des Etats-Unis, Tibor Nagy, le secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines, a fait un tweet dans lequel il dit sa déception face aux arrestations et aux mauvais traitements infligés aux manifestants. Il rappelle que pour grandir, les nations devraient permettre aux citoyens de faire entendre leurs voix de façon pacifique, et les dirigeants élus, aller vers ceux qui ont des opinions contraires.

A en croire les récentes sorties des responsables du MRC, le bras de fer avec le régime Biya est loin d’être une affaire classée.