Une vue des manifestants à l'ambassade de France, Yaoundé, lundi 24 février 2020 / ©TI
Une vue des manifestants à l'ambassade de France, Yaoundé, lundi 24 février 2020 / ©TI

L’ambassade de France à Yaoundé à été prise d’assaut dans la matinée du lundi 24 février 2020 par une foule de manifestants. Ces derniers reprochent à Emmanuel Macron d’avoir tenu des propos condescendants à l’égard de son homologue camerounais samedi dernier lors de l’inauguration du Salon international de l’agriculture à Paris.

D’après plusieurs sources, environ 200 jeunes, munis de pancartes et autres banderoles sont sortis tambours battants et trompettes sonnantes, pour manifester leur soutien à Paul Biya. Les forces de l’ordre se sont limitées à encadrer la manifestation, sans matraque, sans canons à eau ni gaz lacrymogène. Une grande curiosité quand on sait que les réunions et manifestations des partis de l’opposition sont systématiquement interdites.

L’autre étrangeté de ce tableau se rapporte à la question de délai. La loi impose que toute déclaration se fasse à l’avance, trois jours pour les réunions publiques et sept jours pour les manifestations publiques. La manifestation semble par conséquent illégale au regard des textes en vigueur, car entre samedi (jour de l’entretien improvisé entre Macron et Calibri Calibro) et lundi, il n’y a que deux jours, sans oublier que le week-end, les services publics sont fermés.

Aucune information officielle n’a circulée sur les organisateurs, même si beaucoup soupçonnent des proches de la présidence de la République.

Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, dans un communiqué signé le week-end, avait soigneusement évité une attaque frontale contre Macron, se limitant à condamner les propos de Calibri Calibro, le fondateur et dirigeant de la Brigade anti-sardinards (BAS), qu’il juge impropres à l’image du Cameroun.

Un autre communiqué publié en début de soirée le lundi par le Secrétaire général de la présidence de la République n’en fait pas mieux. Ferdinand Ngoh Ngoh rejette les « allégations mensongères » de l’activiste, et demande aux Camerounais de « garder leur calme, de vaquer tranquillement à leurs occupations et de continuer, comme par le passé, à œuvrer au renforcement des liens d’amitié historiques qui existent entre le Cameroun et la France ».

Les prochains jours réservent sans aucun doute à l’opinion, des rebondissements inattendus. Surtout quand on se souvient que le gouvernement camerounais n’a ni infirmé, ni confirmé les propos de Macron qui stipulent que Kamto a été libéré sous la dictée de Paris, et qu’une pression de la présidence française sera mise sur Yaoundé dès cette semaine pour que les prisonniers politiques du Mrc soient relaxés.