Capture d'écran de la vidéo de l'entretien improvisé entre Macron et le commandant en chef de la Brigade anti-sardinard / ©CH
Capture d'écran de la vidéo de l'entretien improvisé entre Macron et le commandant en chef de la Brigade anti-sardinard / ©CH

Propos tenus par le président français lors de l’inauguration du 57e salon international de l’agriculture à Paris le samedi 22 février 2020. Hélé à grand bruit par le commandant de la BAS (Brigade anti-sardinard), Thiam Abdoulaye alias Calibri Calibro, un entretien improvisé s’est imposé. Emmanuel Macron a aussi promis de faire pression pour que soient libérées des victimes politiques telles que Rosange Njimeni (mises aux arrêts pour avoir demandé publiquement le boycott des élections municipales et législatives du 09 février 2020), Mamadou Mota, etc. Ci-dessous l’essentiel de la transcription de la vidéo parvenue à la rédaction de Centrifuge Hebdo.

Calibri Calibro : Monsieur Macron ! Il y a Paul Biya qui tue les Camerounais, Monsieur Marcon ! Il y a un génocide au Cameroun Monsieur Macron ! Paul Biya tue les Camerounais Monsieur Macron ! Nous sommes des Camerounais et nous sommes des morts Monsieur Macron ! Monsieur Macron, Monsieur Macron, s’il vous plait ! S’il vous plait, s’il vous plait… Oui Monsieur Macron. Mon pays, il y a un génocide au Cameroun Monsieur Macron. S’il vous plait. C’est un honneur pour moi, c’est un plaisir de vous voir Monsieur Macron.

Macron : Moi aussi…

Calibri Calibro : Il y a plus de 22 morts…

Macron : Je sais.

Calibri Calibro : …qui sont morts calcinés Monsieur Macron.

Macron : Je sais, je sais ça.

Calibri Calibro : Nous sommes des Camerounais et nous souffrons. J’ai pris la Méditerranée Monsieur Macron, je vous ai écrit et vous avez répondu.

Macron : Vous savez mon engagement sur ce sujet. J’ai mis la pression sur Paul Biya pour que d’abord il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. J’avais dit, je ne veux pas qu’on se voit à Lyon tant que Kamto n’est pas libéré, et il a été libéré parce qu’on a mis la pression. Là la situation est en train de se dégrader. Je vais appeler la semaine prochaine le président Biya et on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur les violences qui se passent au Cameroun et qui sont intolérables. Donc je vais vraiment… Je fais le maximum.

Calibri Calibro : Je vous remercie, je vous remercie Monsieur Macron. Mais il y a plus de 12.000 morts aujourd’hui.

Macron : Je sais, je sais.

Calibri Calibro : Nous les jeunes Camerounais, nous prenons la Méditerranée parce que nous avons à la tête de nos Etats des dictateurs. Monsieur Macron, la France est un Etat de droits. La France est un pays de droits de l’Homme ; et ne peut pas soutenir les dictateurs. L’Afrique a besoin du soutien de la France.

Macron France est toujours prise dans un rôle compliqué en Afrique. Nous sommes un Etat de droit et nous défendons l’Etat de droit partout. Mais quand en Afrique un président français dit ‘’tel dirigeant n’est pas démocratiquement élu’’, les Africains disent, ‘’de quoi voulez-vous vous mêler ? Vous n’allez pas nous donner la leçon’’. Moi je dis partout, je veux des dirigeants démocratiquement élus, et là où ils ne le sont pas, je travaillerai avec la société civile. Je mets la pression sur chacun et je travaille avec l’Union africaine et les organisations régionales pour mettre la pression.

Quand le président Kabila était là, il y avait comme vous des opposants dans ce pays. On a mis la pression, on a travaillé avec plusieurs autres présidents. On a réussi à ce qu’il ait une alternance politique pour avoir un président, Tshisekedi.

Sur le président Biya je lui ai dit, il doit ouvrir le jeu, il doit décentraliser, il doit libérer les opposants politiques, il doit faire respecter l’Etat de droit. Je mettrai tout ce qui est en mon pouvoir pour le faire. Je veux que vous le sachiez. Sauf que ce n’est pas la France qui va faire la démocratie au Cameroun à la place des Camerounaises et des Camerounais.

Calibri Calibro : Je le comprends Monsieur le président. Sauf que quand ils viennent vous prendre de l’argent […] La France donne de l’argent aux présidents africains.

Macron : Nous finançons des projets, on ne donne pas d’argent à un président ou à un gouvernement. Si vous avez des sujets de détournement, faites-les moi savoir. À commencer par des pays comme le Cameroun on a besoin de financer des ONG, des gens aident la population civile.

Calibri Calibro : J’ai une dernière doléance Monsieur le président. Il y a des opposants au Cameroun. Il y a une femme, Rosange Njimegni qui est en prison tout simplement parce qu’elle a demandé le boycott. Est-ce que vous pouvez faire qu’on libère ces gens ? Parce qu’on sait que quand vous passez un coup de fil à Monsieur Biya, il le fait. Il aussi Mamadou Mota…

Macron : J’espère. Est-ce que vous pouvez me donner des noms [d’opposants emprisonnés au Cameroun]? Si je vous dis oui, je vais les oublier. Je ne vais pas vous mentir. Je préfère que quelqu’un les note pour moi et les donne à mon conseiller Afrique. Vous êtes un homme libre.

Calibri Calibro : Je suis juste un activiste. J’ai pris la Méditerranée pour venir en France. La France est un Etat de droit, et ne peut pas supporter ce genre de choses.