GDN
Une vue de la salle du GDN, Palais des congès, Yaoundé.

Le grand dialogue national convoqué par le président Paul Biya prend fin ce vendredi 04 octobre 2019. Après cinq jours de travaux, les huit commissions ont rendu leur verdict, lequel n’a accordé aucune place au fédéralisme.

Le miracle n’a pas eu lieu. Ceux qui rêvaient de voir la lueur du fédéralisme paraître à l’issue du dialogue attendront encore longtemps. Pour le moment, les propositions adoptées préconisent la décentralisation comme forme de l’Etat à conserver. Il est vrai que les deux régions anglophones vont jouir d’un statut spécial, prévoyant notamment la suppression de la nomination du délégué du gouvernement,  le transfert de 10 à 15% des recettes de l’Etat aux collectivités décentralisées, la nomination des gouverneurs dans le NOSO, le retour à la dénomination « République unie du Cameroun ».

Mais en réalité, il n’y a aucune surprise quant à l’issue de ces assises. De façon générale, le dialogue a été géré de bout en bout par le RDPC et son président. La question de fédéralisme n’était même pas inscrite à l’ordre du jour, illustrant de fait que Paul Biya et ses partisans ne sont pas encore prêts à céder une parcelle de leur pouvoir à quiconque. Au contraire, ils seraient plutôt prêts, aux dires des adversaires, à multiplier des subterfuges pour le conserver à vie.

Les principaux politiques de l’opposition qui ont compris ce « jeu de dupe » dès le départ, se sont retirés au plus vite, claquant les portes du très joli GDN du Palais des Congrès. Le MRC notamment avait refusé de prendre part aux débats tant que son président Maurice Kamto est maintenu en prison. Certains opposants, à l’instar de Me Akere Muna, sont quand même venus pour humer de près la chose, avant de se laisser repousser par la senteur de mauvais goût.

Paul Biya s’en sort une fois de plus rehaussé dans sa posture d’homme politique, entrant ainsi dans le cercle très fermé des grands stratèges de la scène politique. Après la tripartite des années 90, le voici une fois de plus au devant de la scène, manœuvrant ses adversaires à sa guise et conservant tous les privilèges. Pour faire bonne mine, surtout face à l’opinion internationale, il a décidé hier, de l’arrêt des poursuites judiciaires contre 333 personnes impliquées dans la crise du NOSO. Ainsi, il pourra se défendre des attaques et des injonctions des partenaires occidentaux, avec pour arguments qu’il a fait de son mieux pour résoudre la crise, et que le Cameroun, en peuple souverain, a décidé à l’issue du GDN, de conserver la décentralisation comme forme de l’Etat.

Cependant, les RDPCistes ont intérêt à se rendre compte de la destinée inévitable de la théorie du cycle hégémonique : la domination a un début et une fin. Aucune personne ni entreprise humaine ne serait résister à la force implacable du temps. C’est l’intérêt du Cameroun qui devrait être mis en avant et non l’intérêt de quelques personnes ou autres clans.

Tout n’est peut-être pas encore fini. Les propositions du GDN seront soumises à l’appréciation du chef de l’Etat avant d’être définitivement adoptées. Les Camerounais restent donc accrochés aux lèvres de leur président national pour la suite. Ensuite, il faudra aussi régler la question de la crise postélectorale de la présidentielle du 07 octobre 2019. Sinon ce serait essayer de démarrer une voiture sans volant.